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Entre négociations avortées et tensions diplomatiques, plus de neuf mois de détention pour quatre agents de la DGSE au Burkina Faso

C’est une affaire sensible, suivie au plus près par l’Elysée, qui suscite bien des remous dans l’univers secret de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Depuis plus de neuf mois, quatre de ses agents sont détenus au Burkina Faso par la junte, hostile à la France, du capitaine Ibrahim Traoré. Une « prise d’otages », selon plusieurs sources officielles françaises, dont aucun signe de résolution n’est apparu jusqu’ici.
Retour à la fin de l’année 2023. Le 1er décembre, les quatre hommes sont interpellés à Ouagadougou, quarante-huit heures après leur arrivée. Ils y ont été envoyés dans le cadre de la coopération avec l’Agence nationale de renseignement (ANR) burkinabée, qui se poursuit malgré les fortes tensions entre la France et le Burkina Faso depuis la prise du pouvoir par le capitaine Traoré à l’issue d’un putsch, en septembre 2022. Suspectés d’espionnage et de velléités déstabilisatrices contre son régime, ils sont arrêtés par des membres de la direction de la sûreté de l’Etat (DSE).
Bien que leurs supérieurs assurent qu’ils étaient en règle et que leur venue était connue de leurs partenaires burkinabés, les quatre hommes n’avaient pas respecté la procédure à la lettre : dotés de passeports diplomatiques, ils s’étaient présentés à leur arrivée avec des e-visas et non des visas diplomatiques en bonne et due forme avec une note verbale – ce qu’avaient pourtant déjà fait certains de leurs collègues et des diplomates étrangers pour venir à Ouagadougou sans que cela ne pose problème jusque-là.
Pendant une dizaine de jours, les quatre agents français sont détenus au secret et interrogés par la DSE. Une autre erreur aggrave leur cas : les téléphones de service qui leur ont été remis à leur arrivée n’ont pas été « nettoyés », comme ils sont censés l’être entre deux rotations. Dans certains de ces appareils sont retrouvées des photos de sites sensibles dans la capitale et des contacts dans des zones sensibles du pays. Si, à Paris, certains reconnaissent une « série d’erreurs » préjudiciables, tous en sont convaincus : cette affaire est surtout un prétexte utilisé par la junte pour pourrir la relation avec la France – et rompre définitivement.
La ruse fonctionne. Le 17 décembre 2023, la DGSE ferme son poste à Ouagadougou et rapatrie sa douzaine d’agents qui y travaillaient. En coulisses, le rôle joué par les Russes questionne. Et pour cause : à la faveur du rapprochement entre le capitaine Traoré et Moscou, une vingtaine d’agents du GRU, les renseignements militaires russes, sont arrivés en novembre 2023 au Burkina Faso pour collaborer avec l’ANR, instituant de fait une improbable et impossible cohabitation entre services français et russes. « Les Russes ont probablement soufflé aux Burkinabés : “c’est eux ou nous” », retrace une source sécuritaire française.
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